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Le droit à l'oubli
Joan-Pau Verdier
Et je suis là me délirant
dans ce non lieu dit du refuge
d’où je ne sors qu’une fois l’an …
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Et je suis là me délirant
dans ce non lieu dit du refuge
d’où je ne sors qu’une fois l’an
pour n’être partout qu’un transfuge
y’a mon fantôme d’arbre mort
qui me façonne ses poèmes
qui plus se meurt et plus se tord
qui plus se tord et que plus j’aime
il a tant plu sur le carreau
que les gouttes d’eau me détressent
comme les larmes du corbeau
devant le loup tenu en laisse
il ne m’est resté dans les yeux
que cette brume maléfique
un cri du temps où j’étais vieux
et mes souvenirs de musique
une musique qui s’en va
au
bout de mes doigts inutiles
sur ma gratte qui grattera
une chanson d’embrun des villes
une musique cinéma
un scénario de music hall
mimétisent tabou le chat
sur des lapsus de rock and roll
de vous à moi j’ai mal de moi
y’a trop longtemps que je vous cherche
et mes trouvailles sur les bras
tous comptes faits ça
fait pas lerche
à trop calculer dans l’enfer
la quadrature de mes billes
que je reprends ou que je perds
sur ma galère à la godille
J’ai vu des chariots de
pop stars
briller à des années sunlights
et si le bluff est au rencard
n’y pense pas trop it’s allright !
Au firmament des décibels
où l’on te gave de
messages
le décorum s’est fait la belle
mais toi t’as raqué au péage
ne croit jamais ce qu’on te dit
y’a pas plus salaud qu’une idole
même en chialant le
vendredi
c’est pas Dimanche qu’on rigole
je te montrerai ce décor
d’après-concert d’après-suicide
quand le dernier bravo
s’endort sur la lucidité du vide
L’imposture a pris le pouvoir
(pardonnez moi le pléonasme)
c’est en plagiant le désespoir
que l’on peut s’armer de sarcasmes
Monsieur Stirner me saoule
encore
de son unique millésime
mais les journaux sentent la mort
comme un dictionnaire de rimes
quand il n’est plus de solutions
que de fomenter l’interlude
pour retrouver avec les cons
cet instinct de la Certitude
tant qu’il existera des bois
j’éviterai bien la grand route
il n’est vraiment de premier pas
que le premier faux pas du doute
Dans la forêt qui me dit tout
et me dévoile ses coulisses
j’ai vu les âmes des gourous
coucher avec leur compte en Suisse
Torquemada ressuscité
inaugure ses chrysanthèmes
maître à penser, maître à berner
j’excommunie tous les baptêmes
et sur le fil des interdits
je
funambule à l’aveuglette
entre le Mal et son sosie
y’a la bonté chatteminette
ma Marguerite ennusinée
de quarante années de Cayenne
Paulo l’amour “brin de
muguet”
qui fane au bout de la rengaine
ma chattemine refleurit
de ton passé je te conjure
on dit que le temps tout guérit
mon temps léchera ta blessure
ta galaxie c’est mon secret
d’où je programme mes angoisses
je t’aime tant que j’y pourrais
vivre sans moi mes contumaces
tu me connais tant que tu sais
te diriger dans mes silences
je te sais tant que je te crée
des hiéroglyphes pour l’absence
dans ce lexique quotidien
où ma syntaxe déraisonne
puisque les mots ne sont plus rien
que la raison que tu leur donnes
Dans le regard de ton bilou
entre mes mains comme une aumône
j’ai cru déchiffrer entre nous
la négation des chromosomes
je ne saurai jamais jusqu’où
ira la passion qui transhume
mais la tendresse sur mon cou
ça me rebrousse l’amertume
je vis de
bonheurs grapillés
qui me font raison de survivre
et ce regard déshabillé
c’est le dernier mot de mon livre
celui qui jamais ne naîtra
de mes amours d’oiseau
diurne
que je n’édite que pour toi
et le copyright de mes burnes
Farewell, mégalo Premier
roi du néant et des girls scouts
je ne veux plus me consumer
qu’en des flammèches rouquemoutes
y’a mon grand duc endimanché
qui tout les soirs tourne manège
et me déporte amouraché
vers son gris blanc bourrin de neige
je m’onanise dans le vent
jusqu’à ce folie me vienne
car j’ai désormais tout mon temps
dans ce presbytère de Sienne
je ne veux que quelques amis
à qui dédier ce poème
j’instaure le droit à l’Oubli
tout le reste n’est que SACEM.
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