Et pendant que Paris construisait ses fantômes
A la gloire de ses monarques assouvis
Que défilaient ses troupes sous des arcs de triomphe
Ou que l’on drapait d’or les murs des
tuileries
Que du Louvre à Versailles on taillait dans la pierre
La grandeur de la France et la postérité
Et que la tour Eiffel dressait sa mine fière
Répandant sur le monde sa gloire et sa
beauté
D’autres enfants
Sur la terre des hommes
Rêvaient autrement
Sur un autre chemin
Pendant que le génie dans Athènes ou dans Rome
Sculptait au genre humain des vestiges
sacrés
Que des peintres asservis puisaient le sang des hommes
Pour offrir à leurs dieux un peu de sa beauté
D’orient ou d’occident tout ce qui nous contemple
Du haut des pyramides ou du haut
des clochers
Avec la religieuse nostalgie des temples
C’est l’émotion vibrante de la vanité
En ces temps là
Sur la terre des hommes
Cherchaient leurs pas
Sur un autre
chemin
Héritiers de ces temps de gloire dérisoire
Faut-il restreindre encore le monde à nos idées
Proposer à des milliards de types de croire
A l’avenir béat d’un destin unifié
Par
défaut de comprendre d’autres gens d’autres choses
Faut-il fermer les yeux sur la précarité
De ce que notre ultime modèle propose
Faut-il empêcher d’autres hommes d’exister
Et de chanter
Sur la terre des hommes
Que la raison d’aimer
Est sur d’autres chemins
Si l’on s’était trompé si l’homme pouvait rompre
Avec le cours absurde de la fatalité
S’il n’était pas
besoin pour nos cœurs de corrompre
Et la paix à la peur et nos âmes à l’objet
Tout vaut pour sa raison et elle est bien lointaine
Celle qui tyrannise nos esprits à marcher
Sans s’arrêter jamais
au bord d’une fontaine
Le bonheur immobile est peut-être un reflet
Il faut s’arrêter
Sur la terre des hommes
Il faut chercher
S’il y a d’autres chemins
Peut-être que s’ils
sont plus simples et plus fragiles
Ils ne supportent pas le poids de l’avenir
Parce qu’ils cherchent toujours une raison utile
Ils ne peuvent emboîter le pas de vos désirs
Dans la fuite sans
fin des progrès dérisoires
Ils cognent leurs fronts pâles à l’incompréhension
Engagés sur le chemin violent de l’histoire
Ils s’accrochent à leurs idéales passions
Il marche encore
Sur la terre des hommes
Qui croient encore
A leurs autres chemins
Peut-être que s’ils ont le cœur dans les étoiles
Ils ne ressentent pas le besoin d’y toucher
Qu’ils n’ont pas tant
besoin de leurs laboratoires
Pour connaître les hommes et pouvoir les aimer
Peut-être que leurs rêves ne sont pas faits de gloire
Ni de l’orgueil vorace de l’éternel progrès
Peut-être que
naîtrait leur société bizarre
Si vous ne jugiez pas et si vous les laissiez
Marcher vraiment
Sur la terre des hommes
Et consacrer leur temps
A trouver le chemin
On a tué
Sur la terre des hommes
Parce qu’ils avaient trouvé
De biens plus beaux chemins